Cantique des créatures

lecture méditée

 

Le Cantique des Créatures est le plus vieux texte en italien et toujours le plus neuf.
Composé de strophes qui parlent de créatures, le soleil, l'eau, le feu,
le Cantique s'adresse au Créateur, très-haut tout puissant et bon Seigneur.
   
 

 Très haut, tout-puissant, bon Seigneur,
à toi sont les louanges, la gloire et l'honneur,
et toute bénédiction.
À toi seul, Très-Haut ils conviennent
et nul homme n'est digne de te nommer.

 
    Le soleil est Messire, Tu es Seigneur.
Le feu est robuste et fort, Tu es tout puissant.
La lune et les étoiles sont dans le ciel, Tu es le Très-haut.
Si haut, si fort que nous n'en avons aucune idée, que nul ne peut mentionner.
Tu es le Glorieux, le Béni, le Saint. 

Hymne attribuée à Grégoire de Nazianze
O toi, l'au-delà de tout,
n'est-ce pas là tout ce qu'on peut chanter de toi ?
Quelle hymne te dira, quel langage ?
Aucun mot ne t'exprime.
A quoi l'esprit s'attachera-t-il ?
Tu dépasses toute intelligence.
Seul, tu es indicible,
car tout ce qui se dit est sorti de toi.
Seul, tu es inconnaissable,
car tout ce qui se pense est sorti de toi.
Tous les êtres
ceux qui parlent et ceux qui sont muets,
te proclament.
Tous les êtres,
ceux qui pensent et ceux qui n'ont point de pensée,
te rendent hommage.
Le désir universel
l'universel gémissement tend vers toi.
Tout ce qui est te prie
et vers toi tout être qui pense ton univers
fait monter un hymne de silence.
Tout ce qui demeure demeure par toi ;
par toi subsiste l'universel mouvement.
De tous les êtres tu es la fin :
tu es tout être, et tu n'en es aucun.
Tu n'es pas un seul être
tu n'es pas leur ensemble.
Tu as tous les noms,
et comment te nommerai-je
toi le seul qu'on ne peut nommer ?
Quel esprit céleste pourra pénétrer les nuées
qui couvrent le ciel même ?
Prends pitié,
O toi, I'au-delà de tout,
n'est-ce pas tout ce qu'on peut chanter de toi ?

Loué sois-tu, mon Seigneur, avec toutes tes créatures,
spécialement messire frère soleil,
qui est le jour, et par lui tu nous illumines.
Et il est beau et rayonnant avec grande splendeur,
de toi Très-Haut, il porte le signe.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour soeur lune et les étoiles,
dans le ciel tu les a formées
claires, précieuses et belles.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour frère vent,
et pour l'air et le nuage et le ciel serein
et tous les temps,
par lesquels à tes créatures tu donnes soutien.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour soeur eau,
qui est très utile et humble,
et précieuse et chaste.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour frère feu
par lequel tu illumines la nuit,
et il est beau et joyeux et robuste et fort.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour soeur notre mère la terre,
qui nous soutient et nous gouverne,
et produit divers fruits
avec les fleurs colorées et l'herbe.

Frères et soeurs,
Les créatures sont nombreuses et variées, elles sont fraternelles. Chacune a sa place et son rôle, dans le spectacle du monde, chacune est utile à l'autre, chacune est précieuse.

Psaume 103 extraits
Bénis le Seigneur, ô mon âme ;
Seigneur mon Dieu, tu es si grand !
Revêtu de magnificence,
Tu as pour manteau la lumière !


Comme une tenture, tu déploies les cieux,
Tu élève dans leurs eaux tes demeures ;
Tu as donné son assise à la terre :
Qu'elle reste inébranlable au cours des temps.


Dans les ravins tu fais jaillir les sources
Et l'eau chemine aux creux des montagnes ;
Elle abreuve les bêtes des champs.


De tes demeures tu abreuves les montagnes,
Et la terre se rassasie du fruit de tes oeuvres ;
Tu fais pousser les prairies pour les troupeaux,
Et les champs pour l'homme qui travaille.


Tu fis la lune qui marque les temps
Et le soleil qui connaît l'heure de son coucher.
Tu fais descendre les ténèbres, la nuit vient :
Les animaux dans la forêt s'éveillent.


Quand paraît le soleil, ils se retirent :
Chacun gagne son repaire.
L'homme sort pour son ouvrage,
Pour son travail, jusqu'au soir.


Quelle profusion dans tes oeuvres, Seigneur !
Tout cela, ta sagesse l'a fait ;
La terre s'emplit de tes biens.
Tous, ils comptent sur toi


Pour recevoir leur nourriture au temps voulu.
Tu donnes : eux ils ramassent ;
Tu ouvres ta main : ils sont comblés.

Règle de vie des Franciscains
1Reg 9, 10+
Qu'avec assurance chacun manifeste à l'autre sa nécessité, afin que l'autre lui trouve et lui administre le nécessaire. Et que chacun chérisse et nourrisse son frère comme une mère chérit et nourrit son fils dans tout ce dont Dieu lui fera la grâce.
 
Sous nos pieds, la terre ferme, familière, le plancher des vaches qui supporte les éléments de ce décor : ici un buisson chargé de baies rouges, là un arbre fruitier, à l'arrière plan une prairie et la lisière d'un bois, à l'avant scène, quelques pâquerettes ou coquelicots, là-bas, le long de la rampe, un liseron déploie ses cornets bleu tendre. Voilà le plancher.

Loué sois-tu, mon Seigneur, pour soeur notre mère la terre,
qui nous soutient et nous gouverne,
et produit divers fruits
avec les fleurs colorées et l'herbe.

Le rideau de fond ? Une tenture changeante où alternent le bleu ciel, et le gris pâle. C'est à peine si, au raz du plancher un courant d'air parvient à troubler la sérénité du décor

Loué sois-tu, mon Seigneur, pour frère vent,
et pour l'air et le nuage et le ciel serein
et tous les temps,
par lesquels à tes créatures tu donnes soutien.

Loué sois-tu, mon Seigneur, pour soeur eau,
qui est très utile et humble,
et précieuse et chaste.

  Devant sur la droite, on entend, plus qu'on ne voit une chute d'eau. Une cascade ? Une source ? Plus certainement une fontaine.
Dans la pénombre, à l'opposé, un bon feu est allumé qui rend l'endroit rassurant, chaleureux.

Loué sois-tu, mon Seigneur, pour frère feu
par lequel tu illumines la nuit,
et il est beau et joyeux et robuste et fort.

Loué sois-tu, mon Seigneur, pour soeur lune et les étoiles,
dans le ciel tu les a formées
claires, précieuses et belles.

Des poulies, des cordes, des mécaniques du plafond qui règlent l'ordonnancement de ce décor, on ne voit, on ne perçoit rien. Rien, sinon ces étoiles qui doucement, patiemment, inlassablement, s'allument et s'éteignent, dociles.
Et par-devant, tout en haut, surplombant la scène qu'il éclaire, le soleil, superbe. Tout en lui évoque le décorateur, le metteur en scène bienveillant qui a disposé cet ensemble, ce cadre familier, fraternel. Le créateur qui a créé cette fratrie pour que chacun exerce en son nom la providence envers ses frères et soeurs.

Loué sois-tu, mon Seigneur, avec toutes tes créatures,
spécialement messire frère soleil,
qui est le jour, et par lui tu nous illumines.
Et il est beau et rayonnant avec grande splendeur,
de toi Très-Haut, il porte le signe.

           
  Pour quelle pièce est disposé ce merveilleux décor fraternel qui attend immuablement dans un éternel présent ?      
      Quels acteurs attend-on pour lesquels
cette pièce est écrite ?
 
Au centre de la scène, l'homme.
Les hommes sont attendus pour improviser leur histoire.
C'est à eux d'écrire leur propre pièce. À eux de jouer.
L'avenir leur appartient et tout ce déploiement, ce décor somptueux est pour leurs jeux.
Sauront-ils tenir le rôle que le metteur en scène attend d'eux ? Leurs passions conduiront-elles à la tragédie ?
Sauront-ils être frères et soeurs, jouer en harmonie avec la création fraternelle ?
Sauront-ils être frères ?

Loué sois-tu, mon Seigneur,
pour ceux qui pardonnent par amour pour toi
et supportent maladies et tribulations.
Heureux ceux qui les supporteront en paix,
car par toi, Très-Haut, ils seront couronnés.

 

Saint Paul nous dit
La création attend avec impatience la révélation des Fils de Dieu. Elle garde l'espérance, car elle aussi sera libérée de l'esclavage de la corruption pour avoir part à la liberté et à la gloire des enfants de Dieu. Nous le savons en effet : la création tout entière gémit maintenant encore dans les douleurs de l'enfantement.

(Rm 8, 19+)

 

Loué sois-tu mon Seigneur
Par notre frère et notre Seigneur Jésus-Christ
Qui a pardonné par amour pour ton amour et pour les hommes
Qui a pris sur lui notre joug
Heureux est-il car par toi, Très-haut, il a été exalté.

Le drame est à son comble. Mais le metteur en scène se lève. Le metteur en scène lui-même se met en scène pour rejoindre les acteurs perdus dans leurs textes et leurs répliques. Si la pièce est une farce, il prendra sur lui les quolibets. Si elle est une tragédie, il en sera la victime. Le metteur en scène entre en scène une nuit de Noël, entre la fontaine et le feu, entre ciel et terre.  
   
Rideau. La pièce est dite. Les jeux sont faits.
Ceux qui se sont tenu dans les ténèbres, au fond, refusant cette fraternité, cette pièce, qui se souviendra d'eux ? Le rideau tombe sur eux.
Bienheureux vous qui vous êtes risqués à improviser dans la lumière du frère Dieu. Le rideau tombe derrière vous. Mais qu'importe le rideau ? Le metteur en scène lui-même vous applaudit et vous invite à le joindre.
Hommes et femmes, choisissez votre rôle dans la comédie du monde. Hommes et femmes entrez en scène et formez la farandolle.
Hommes et femmes acteurs, inclinez-vous, saluez ce génial écrivain.
 
 

Loué sois-tu, mon Seigneur,
pour soeur notre mort corporelle,
à qui nul homme vivant ne peut échapper.
Malheur à ceux qui mourront
dans les péchés mortels,
heureux ceux qu'elle trouvera dans tes très saintes volontés,
car la seconde mort ne leur fera pas mal.

 

Louez et bénissez mon Seigneur,
et rendez-lui grâces
et servez-le avec grande humilité.

     
           
   

Patrice de la Tour du Pin
En toute vie Ie silence dit Dieu,
Tout ce qui est tressaille d'être à lui !
Soyez la voix du silence en travail,
Couvez la vie, c'est elle qui loue Dieu !

Pas un seul mot, et pourtant c'est son Nom
Quc tout sécrète et presse de chanter ;
N'avez-vous pas un monde immense en vous,
Soyez son cri, et vous aurez tout dit.

Il suffit d'être, et vous vous entendrez
Rendre la grâce d'être et de bénir ;
Vous serez pris dans l'hymne d'univers,
Vous avez tout en vous pour adorer.

Car vous avez I'hiver et le printemps,
Vous etes l'arbre en sommeil et en fleurs ;
Jouez pour Dieu des branches et du vent,
Jouez pour Dieu des racines cachées.

Arbres humains, jouez de vos oiseaux,
Jouez pour Lui des étoiles du ciel
Qui sans parole expriment la clarté ;
Jouez aussi des anges qui voient Dieu.